Alors que Bruno Mattei vient de nous quitter, nous vous invitons à découvrir ou à redécouvrir ses plus grands classiques, chroniqués sur Nanarland. Des perles de cinémathèque qui feront, à n’en pas douter, la joie des générations futures d’historiens du septième art. Virus Cannibale (1980), sans doute son film le plus connu. Bruno étrenne pour l’occasion son pseudonyme de Vincent Dawn, en référence à « Dawn of the dead » (« Zombie ») de George Romero. Une imprudente pollution déclenche une épidémie de zombies mutants en Afrique : c’est l’occasion pour Bruno de se livrer à un vibrant plaidoyer écologique, vingt ans-sept ans avant l’évènement planétaire de la candidature José Bové à l’élection présidentielle. Au passage, on pique aussi bien à « Zombie » qu’à « L’Enfer des zombies » de Lucio Fulci.
Les Rats de Manhattan (1984) : son pamphlet écolo n’ayant pas été pris au sérieux, Bruno se vexe et se fait encore plus alarmiste. Suivant la mode « Mad Max 2″, c’est dans un monde dévasté que se déroule l’action de ce film d’agression animale. Un groupe de survivants de l’apocalypse nucléaire (dont la future « Blandine l’insoumise ») se trouve confronté à une invasion de rats. C’est l’occasion de réaliser un film de science-fiction en huis-clos, dans les studios construits pour « Il était une fois en Amérique » de Sergio Leone. La légende veut qu’on y ait trouvé des rats durant des années, à cause de Bruno Mattei. L’ami Bruno aurait fait tourner une partie du film par son sbire Claudio Fragasso (selon une rumeur entretenue par ce dernier). Comme le film est mieux réalisé que « Virus Cannibale », c’est bien possible. Strike Commando (1987). Tourné aux Philippines, décor universel des films d’aventures des années 1980. Bruno passe la vitesse supérieure : fini de s’inspirer vaguement des idées des autres, on va carrément les photocopier ! C’est « Rambo 2″ qui fait ici les frais de cette méthode. L’invincible Reb Brown est MIKE RANSOM, le héros grâce auquel les Etats-Unis ont gagné la guerre du Vietnam haut la main ! (Ha ? On me signale dans l’oreillette que…) « Robowar » (1988) : la photocopieuse marche à plein régime et c’est désormais « Predator » qui passe à la casserole. Reb Brown reprend du service et la jungle philippine est toujours aussi sympa à filmer. « Double Target » (1987). On ne se sent plus et on tourne, toujours aux Philippines, un plagiat sans aucun complexes de « Braddock : Portés Disparus III », alors en tournage ! C’est ce gros couard de Miles O'Keeffe, incapable d’ouvrir une porte sans se faire doubler, qui remplace Chuck Norris, ce qui a fait surnommer le film « Double Tapette » par certaines mauvaises langues. « Zombi 3 » (1988) : aux Philippines, il fait chaud. Lucio Fulci, déjà affaibli par un cancer de l’estomac, n’en mène pas large et doit quitter le tournage de ce film, qu’il avait de toutes manières attaqué dans de très mauvaises conditions. Qu’à cela ne tienne : Mattei, présent sur le tournage comme relais de la production italienne, prend les rênes du projet et fait n’importe quoi comme à son habitude. Ajoutons à sa décharge que Fulci était en mauvaise forme et que le matériau de départ n’était pas bien fameux. « Mission suicide » (1989). La photocopieuse se dérègle et s’attaque à quatre ou cinq gros films à succès en même temps (en fonction des scènes : « Les Aventuriers de l’Arche perdue », « A la poursuite du Diamant vert », « L’Arme fatale »….) dans cette suite de « Strike Commando », où Brent Huff remplace Reb Brown. Moins branquignol que les précédents, le film vaut surtout par son côté « plagiat-gigogne » et la présence surprenante de Richard Harris, alors semi-retraité, dans ce qui est l’un de ses seuls films des années 1980. Sur Zombie 4, alias After Death (1989), tourné aux Philippines en même temps que « Mission Suicide », Mattei n’est que producteur exécutif, le film étant tourné par Claudio Fragasso, qui travaille le jour sur Mission suicide pour donner un coup de main à Bruno et la nuit sur Zombie 4. Ca se voit, parce qu’encore une fois, c’est mieux filmé (tout en restant à peu près nul). « Cannibal World » (2003) : après des années d’absence, Mattei retrouve les Philippines et remet sa photocopieuse en marche : c’est à une copie carbone de « Cannibal Holocaust » que nous sommes conviés, mais un plagiat classe de chez classe, interprété par les pires rebuts de l’ANPE-Spectacles et des bas-fonds de Manille, filmé comme un porno, scénarisé avec les pieds et dialogué par des alcooliques. Une pure merveille, qui nous prouve que n’importe quoi peut encore être vendu à n’importe qui sur les marchés du film. Et en plus, le titre italien plagie celui d’un film de Jess Franco, ce qui donne le vertige. Un bilan hallucinatoire (et dont la qualité se dégrade encore avec le temps, ce qui n’est pas un mince exploit), qui justifie amplement la présence de Bruno Mattei au panthéon du nanar. FORZA ITALIA !
Bruno Mattei : révisons nos classiques (retrospectives des chroniques)
Alors que Bruno Mattei vient de nous quitter, nous vous invitons à découvrir ou à redécouvrir ses plus grands classiques, chroniqués sur Nanarland. Des perles de cinémathèque qui feront, à n’en pas douter, la joie des générations futures d’historiens du septième art. Virus Cannibale (1980), sans doute son film le plus connu. Bruno étrenne pour l’occasion son pseudonyme de Vincent Dawn, en référence à « Dawn of the dead » (« Zombie ») de George Romero. Une imprudente pollution déclenche une épidémie de zombies mutants en Afrique : c’est l’occasion pour Bruno de se livrer à un vibrant plaidoyer écologique, vingt ans-sept ans avant l’évènement planétaire de la candidature José Bové à l’élection présidentielle. Au passage, on pique aussi bien à « Zombie » qu’à « L’Enfer des zombies » de Lucio Fulci.
- Published: 18 années ago on 24 mai 2007
- By: nikita
- Last Modified: avril 13, 2012 @ 11:20
- Filed Under: News du site Nanarland
NEXT ARTICLE →
Livre : « Cinéma bis, 50 ans de cinéma de quartier » de Laurent Aknin
← PREVIOUS ARTICLE
4e salon des séries TV et Cinéma ce dimanche à Paris