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Le Sbire

By   /   10 septembre 2010  /   No Comments

 »Parrains de la pègre, chefs de clan ninja, dictateurs communistes… Plus jamais seuls, avec __LE SBIRE.__ »


 »Parrains de la pègre, chefs de clan ninja, dictateurs communistes… Plus jamais seuls, avec __LE SBIRE.__ »




« Une… Deux… Une… Deux… Allez plus vite que ça bande de larves ! » Le Sbire commençait sérieusement à en avoir ras la casquette. Cela faisait maintenant une semaine que son employeur actuel l’avait envoyé en compagnie d’autres hommes de main en stage d’entraînement ninja et jamais il n’avait eu le sentiment d’avoir autant perdu son temps. De même que les autres stagiaires, il savait maintenant exécuter à la perfection roulades, flips, sauts périlleux et autres acrobaties grotesques, il savait découper une pastèque de 67 manières différents, avec ou sans arme mais il attendait toujours d’apprendre quelque chose d’utile. C’est vrai, parmi les autres quelques-uns avaient sérieusement besoin d’un peu d’exercice, mais il ne voyait vraiment pas ce qu’il fichait là. Il avait toujours mis un point d’honneur à entretenir une forme physique impeccable, voyant là une forme de respect envers son corps et lui-même, sans parler d’un atout appréciable dans son travail. En plus il n’aimait pas la tenue ninja qu’on lui faisait porter. La cagoule ne laissait pas respirer sa mullet, celle-ci formant une bosse inesthétique comprimée à l’arrière de son crâne et le masque l’empêchait d’arborer sa moustache fournie et lissée qu’il entretenait avec amour depuis tant d’années.
 »Le genre de beauté du Sbire s’accommodait mal de la tenue ninja » « Bougez-vous feignasses ! Le dernier au camp récure les chiottes !» L’aboiement de l’instructeur tira brusquement Le Sbire de ses pensées. Il se secoua rapidement et s’élança vers le bâtiment principal, rattrapant puis distançant sans peine ses camarades un peu enveloppés qui décidément ne semblaient guère profiter du stage. Le type chargé de les entraîner, pardon, de les « guider sur la voie du ninja », dixit le Boss (le « Grand Dragon Impérial » selon la terminologie en usage dans l’organisation), lui avait été furieusement antipathique dès le début. Ce n’était pas à cause de sa façon de les traiter comme des sous-merdes, ça, c’était le lot commun de tous les sergents instructeurs du monde, et Le Sbire savait pertinemment qu’un tel comportement n’avait rien de personnel. Non, ce qui ne lui revenait pas, c’était cette espèce de grimace de contorsionniste facial que l’autre arborait par tous les temps et en toutes circonstances, le faisant passer au choix pour un clown ou pour un constipé chronique. Ajoutez des goûts vestimentaires plus que discutables avec un treillis bleu ciel à paillettes agrémenté d’un bandeau blanc et vous aviez un portrait à peu près complet du personnage. En plus de ça, pour l’avoir bien observé à l’entraînement, Le Sbire était à peu près certain de pouvoir le battre à plates coutures au corps à corps mais l’instructeur (« le Tigre de l’Ombre »), prudent, choisissait toujours un autre élève pour faire ses démonstrations. ((http://img810.imageshack.us/img810/5517/stuart11.jpg|http://img810.imageshack.us/img810/5517/stuart11.jpg))
 »L’instructeur ne s’arrêtait jamais de faire la gueule » Tandis qu’il prenait une douche rapide et se préparait pour le dîner, Le Sbire se dit qu’il n’arriverait jamais à comprendre ce trip des arts martiaux à tout prix. On était dans les années 80 bordel ! Les flingues faisaient partie de la vie courante ! Certes, il ne niait pas que, dans bien des circonstances, une maîtrise honorable du combat à mains nues puisse faire la différence entre la vie et la mort, ou du moins, entre la liberté et plusieurs années de prison, mais il ne comprenait décidément pas ces mecs qui mettaient un point d’honneur à ne jamais utiliser d’armes à feu. « Point d’honneur », tu parles ! Comme si l’honneur était pour quelque chose dans ce métier ! T’es un truand, tu assumes et tant qu’à se salir les mains autant employer les méthodes les plus efficaces.
 »Ninja ou pas, Le Sbire préférait les flingues. » Le repas du soir fut frugal, comme d’habitude. Après avoir débarrassé, l’instructeur et les élèves se mirent en place pour la cérémonie ninja du soir. Celle-ci consistait à s’agenouiller autour du téléphone et à attendre qu’il sonne. Le Boss actuel du Sbire avait en effet l’étrange manie de ne correspondre avec ses hommes que par téléphone, refusant obstinément de les rencontrer face à face. Si ça avait été pour des raisons de sécurité, pour masquer son identité, à la rigueur Le Sbire aurait pu comprendre, mais là tout le monde autour du combiné connaissait parfaitement le nom et l’adresse du Boss qu’il n’avait d’ailleurs jamais dissimulé à ses employés et tout ce manège ne rimait décidément à rien. Enfin après dix minutes mortellement ennuyeuses le téléphone se décida à sonner. D’un geste solennel, mais toujours avec l’air d’avoir mangé des huîtres pas fraîches, l’instructeur appuya sur le bouton du haut-parleur et tous purent entendre la voix du Grand Dragon Impérial.

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