Montant les marches quatre à quatre, Le Sbire se précipita au dernier étage, vers la porte menant au toit de l’hôtel. Cette fois, il choisit d’opter pour la discrétion et l’ouvrit lentement par degré, prêt à la refermer immédiatement pour se couvrir si Cooper se tenait derrière prêt à faire feu. Aucun coup de feu ne retentit, aucune balle ne vient siffler à ses oreilles et aucun coup de poing ne vint le saisir à l’arrière du crâne (où sa mullet repliée formait de toute façon une protection efficace). Le toit était plat, désert et il était évident qu’aucun agent spécial d’Interpol ne s’y cachait. Furieux que sa cible lui ait échappé une fois de plus, Le Sbire redescendit l’escalier en maugréant, ne prenant même pas la peine de s’arrêter au premier étage pour débloquer l’ascenseur. Ils n’auront qu’à prendre l’escalier cette bande d’empaffés, ça ne leur fera pas de mal ! Revenu à l’entrée de l’hôtel, il jeta un regard mauvais au réceptionniste. Pris d’une impulsion subite, il se dirigea pourtant vers lui.
»Le réceptionniste avait la moustache torve et l’oeil fourbe des hommes qui ont quelque chose à cacher »
« Est-ce que M. Cooper vient de sortir ?
– Excusez-moi monsieur, qui cherchez-vous ?
– M. Cooper. Chambre 307.
– Je regrette monsieur mais la chambre 307 est inoccupée pour l’instant.
– Peut-être pas la chambre 307 alors », dit Le Sbire en reprenant espoir, s’imaginant contre toutes probabilités qu’il s’était peut-être trompé de chambre finalement.
« Je suis désolé, mais il n’y a aucun monsieur Cooper parmi nos clients », répondit le réceptionniste, de plus en plus mal à l’aise devant cet homme bizarre aux habits bariolés et visiblement très excité.
« Il a peut-être pris le chambre son un autre nom, l’ami que je cherche est un Blanc d’environ un mètre quatre-vingt avec une moustache. Attendez, j’ai sa photo ici. »
Le réceptionniste n’étudia la photo qu’un instant avant de répondre « Je suis désolé monsieur, mais je n’ai jamais vu cette personne. Je suis certain qu’il ne s’agit pas d’un de nos clients.
– Arrête de m’jouer du pipeau, je l’ai vu entrer ici il y a à peine cinq minutes ! » Le Sbire empoigna violemment le col de la chemise du réceptionniste et le tira à lui. « Tu veux me faire croire que Cooper n’est pas ici ? Ca fait des semaines que je surveille ton hôtel minable et je sais que je l’ai vu rentrer ici.
-Mais je vous assure monsieur, il n’y a que vous qui êtes rentré dans l’hôtel ces deux dernières heureurk ! » Le réceptionniste avait de plus en plus de mal à respirer à mesure qu’il paniquait et que Le Sbire resserrait sa prise.
« Je supporte pas qu’on se foute de moi ! Prends-ça, ça t’apprendra ! » Le Sbire colla un grand coup de boule dans le nez de l’employé qui s’écroula sous le choc. « Espèce d’empaffé ! Tiens ! ». Il prit cinq minutes pour tabasser le réceptionniste avec application et, lorsque celui-ci cessa de bouger et de gémir, Le Sbire sortit de l’hôtel, guère plus avancé mais nettement plus détendu et les idées plus claires. Enfin calmé, il se décida à appeler le Grand Dragon Impérial pour faire son rapport.
»Le Sbire n’aimait pas trop qu’on essaie de lui jouer du pipeau » Le Sbire s’attendait à prendre un savon, mais le Boss fit preuve au téléphone d’un entrain inaccoutumé. Il lui annonça triomphalement que Dan Cooper avait déjoué tous ses plans, et ainsi les avait favorisés. Plus vraiment à ça près aujourd’hui et sentant qu’il avait déjà besoin d’une aspirine, Le Sbire déclina l’offre de se voir réexpliquer en détail toute l’ingéniosité de ce plan et en vint au fait. Il exposa au Boss que, selon lui, l’hôtel était un tuyau percé et qu’il était évident que Cooper disposait là bas de solides complicités parmi le personnel, dont au moins un qu’il avait repéré et mis hors d’état de nuire. Le Boss lui répondit qu’il était parfaitement au courant, que cet échec allait porter un coup fatal à leurs ennemis, et qu’il avait spécialement sélectionné Le Sbire pour cette mission capitale parce qu’il sentait que, parmi ses hommes de main, il était celui qui avait mieux compris les détails du plan. Il lui donna l’ordre de revenir à la base et de se préparer pour une nouvelle tâche tout aussi importante. De retour au dojo secret du Clan du Cobra (4 hectares de jardins et de bâtiments au milieu de Hong-Kong), Le Sbire se présenta au rapport. Le Tigre de l’Ombre n’était pas aussi coulant que le Grand Dragon Impérial et engueula copieusement Le Sbire, le traitant de cafard puant avec un rictus oscillant entre le dégouté et le menaçant. Habitué, Le Sbire ne broncha pas, attendit que ça passe et alla se coucher. Ce n’est qu’après un quart d’heure et en y repensant qu’il se rappela que Cloporte Méprisable et Malodorant était en fait son grade dans l’organisation et réalisa que l’instructeur venait de le féliciter pour l’insuccès de sa mission : il avait été trompé par l’expression faciale de son interlocuteur. Ce n’était pas la première fois que ça arrivait, et Le Sbire se dit que l’autre allait finir par le prendre pour un gros malpoli.
»Le Tigre était très satisfait du travail du Sire et tenait à le lui faire savoir »
Le Sbire (4)
Montant les marches quatre à quatre, Le Sbire se précipita au dernier étage, vers la porte menant au toit de l’hôtel. Cette fois, il choisit d’opter pour la discrétion et l’ouvrit lentement par degré, prêt à la refermer immédiatement pour se couvrir si Cooper se tenait derrière prêt à faire feu. Aucun coup de feu ne retentit, aucune balle ne vient siffler à ses oreilles et aucun coup de poing ne vint le saisir à l’arrière du crâne (où sa mullet repliée formait de toute façon une protection efficace). Le toit était plat, désert et il était évident qu’aucun agent spécial d’Interpol ne s’y cachait. Furieux que sa cible lui ait échappé une fois de plus, Le Sbire redescendit l’escalier en maugréant, ne prenant même pas la peine de s’arrêter au premier étage pour débloquer l’ascenseur. Ils n’auront qu’à prendre l’escalier cette bande d’empaffés, ça ne leur fera pas de mal ! Revenu à l’entrée de l’hôtel, il jeta un regard mauvais au réceptionniste. Pris d’une impulsion subite, il se dirigea pourtant vers lui.
»Le réceptionniste avait la moustache torve et l’oeil fourbe des hommes qui ont quelque chose à cacher »
- Published: 14 années ago on 2 octobre 2010
- By: Barracuda
- Last Modified: avril 19, 2012 @ 9:06
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