Environ une semaine plus tard, tout le monde se retrouva autour du téléphone pour prendre de nouvelles instructions du Boss. Cette fois ils allaient tous devoir travailler ensemble sur une nouvelle mission. Il allait s’agir d’intercepter un certain Tony, le principal contact de Cooper au sein de la police locale. Le plan était remarquablement simple pour une fois : Tony avait l’habitude de rentrer chez lui tous les jours par la même route et plus ou moins à la même heure. Les ninjas du Cobra devaient se mettre en embuscade sur son parcours et profiter des légendaires embouteillages de Hong-Kong pour arrêter sa voiture et le kidnapper. Montés sur des rollers, les ninjas devaient ensuite fuir entre les voitures en transportant Tony dans leurs bras et disparaître dans les ruelles. Le Boss insista lourdement sur la nécessité d’agir avec la plus grande discrétion. Il fallait frapper et disparaître aussitôt Il s’agissait bien sûr d’éviter d’attirer l’attention des autorités sur le clan, mais aussi de maintenir haut la tradition des ninjas, guerriers de l’ombre invisibles et insaisissables. La consigne était claire : pas de bruit, pas de témoins et surtout pas de vagues.

Le lendemain matin, Le Sbire soignait ses nombreuses contusions et un mal de crâne carabiné au café-whisky tout en lisant la presse du jour. !!!!Carnage sur la route de l’Enfer !!!Un carambolage sans précédent sur la voie rapide 42 fait plusieurs dizaines de victimes > Hier après-midi, le drame s’est abattu sur Hong-Kong lorsqu’un groupe de délinquants en rollers non encore identifiés se sont mêlé au trafic sur la voie rapide n°42, en pleine heure de pointe, et ont provoqué une série d’accidents mortels. On dénombre 34 victimes dont 9 enfants et une femme enceinte. Le bilan est encore provisoire tandis que plusieurs personnes parmi les centaines de blessés se débattent entre la vie et la mort. Les dégâts aux véhicules et aux infrastructures routières sont estimés à 17 millions de livres au moins. Les témoins et les survivants mettent tous en cause les agissements de 6 ou 7 hommes cagoulés qui ont soudain surgi au milieu des voitures, plongeant l’autoroute dans le chaos. C’est essentiellement en voulant éviter ces fous irresponsables que les automobilistes sont entrés en collision, mais plusieurs témoins rapportent aussi avoir vu les chauffards à roulettes s’accrocher délibérément à plusieurs véhicules pour leur faire perdre le contrôle de leur trajectoire et lancer des bombes fumigènes pour désorienter les conducteurs. > >
>  »Un des clichés de la scène montrant les loubards terrorisant un paisible automobiliste » > > D‘après certains spécialistes, ces criminels pourraient être liés au fameux groupement anarchiste « Black Bloc », considéré comme une organisation terroriste par de nombreux gouvernements. Selon les témoins, les forcenés ont gardé le visage masqué durant toute leur équipée sanglante, à l’exception d’un seul individu identifié comme le leader par plusieurs survivants. La police disposerait déjà d’un portrait-robot très précis de cet homme, décrit comme un moustachu à la mine patibulaire mais à la coiffure furieusement tendance. > > Dans une déclaration émouvante à la presse faite hier devant les restes encore fumant d’un bus scolaire, le maire de la ville, visiblement choqué, a juré sur ses ancêtres de tout mettre en œuvre pour punir les responsables de ce qu’il a appelé « un massacre délibéré et abject ». Le chef de la police a annoncé avoir mobilisé toutes ses forces, et même rappelé certains réservistes, pour mener ce que qu’il a qualifié comme la plus grande chasse à l’homme jamais organisée à Hong-Kong. Interpol, Scotland Yard et le MI5 sont également venus en renfort pour aider à la traque. > >
>  »Les terroristes auraient également été aperçus dans le parc » > > Au sein de la classe politique la réaction ne s’est pas fait attendre. Plusieurs ministres et députés de la majorité ont appelé au vote rapide d’une loi prohibant le port de cagoules et de rollers sur tout le territoire de Hong-Kong, en dépit des protestations de plusieurs clans ninjas honorablement connus qui dénoncent là une atteinte à leur mode de vie ancestral et à leurs droits fondamentaux. Le Sbire décida que finalement l’actualité l’ennuyait. Avec une grimace de douleur, il se remémora les événements de la veille. La première faille du plan du Grand Dragon Impérial était apparue à peine le téléphone raccroché. Le Sbire n’avait jamais fait de rollers.