Lorsque Christine descendit le rejoindre, Le Sbire la trouva encore plus resplendissante que d’habitude. Elle portait un bandana très mode, un short et des bottines en skaï et un petit haut d’aérobic à damner un saint. En voyant Le Sbire qui l’attendait sur son 31, elle fit la moue et laissa échapper un soupir qu’il interpréta comme un signe d’appréciation de sa chemise à carreaux et de sa veste à col large. Ils montèrent dans la voiture de Marlowe lui-même et prirent la direction du restaurant le plus chic de la ville (c’est le boss qui régalait), Le Sbire était bien décidé à déployer tout son charme face à Christine. La première phase de son plan consistait à montrer qu’il était « cool » comme on disait maintenant. Avec un regard entendu à Christine, il mit dans l’autoradio une cassette de cette musique rap américaine si populaire auprès des jeunes. La jeune femme réagit en sortant sa trousse à maquillage pour rafraîchir sa quatrième couche de fond de teint dans le rétroviseur intérieur.
»L’atout-charme du Sbire : un regard à faire fondre un iceberg. »
Le Sbire sut qu’il avait marqué un point lorsque, tandis que Vanilla Ice entamait le deuxième couplet de »Ice Ice Baby », Christine rangea son fond de teint pour se lancer dans une étude attentive d’un point noir invisible au dessus de son œil gauche. Il décida de pousser son avantage en lui adressant un sourire éclatant sur lequel il avait travaillé le matin même devant la glace pendant trois bon quarts d’heure, un sourire rendu un peu crispé par la difficulté de conduire dans Manille sans l’assistance d’un rétroviseur. Christine, hélas, était occupée à ce moment précis à fouiller dans son sac. Le Sbire tint la pose pendant une douzaine de seconde en lançant quelques coups d’oeil nerveux sur la route jusqu’à ce que la belle relève enfin le nez… et prenne un air horrifié en criant « Attention ! » Une embardée plus tard, la voiture avait évité de justesse un taxi arrivant en sens inverse, tout le contenu du sac de Christine s’était répandu sous les sièges et Le Sbire ne se sentait plus très fier. MC Hammer rappait maintenant sur son grand tube »Feel my power » et commençait à lui taper sur les nerfs.
»Le Sbire avait toujours été plus rock and roll dans l’esprit. » Par chance ils étaient finalement arrivés au restaurant. Le Sbire se gara fièrement en plein milieu du parking, ouvrit la portière de Christine et escorta la jeune femme jusqu’à sa table. Un serveur vint aussitôt leur apporter le menu. Afin de montrer qu’il savait se tenir dans les endroits chics, sans même ouvrir la carte Le Sbire commanda d’autorité « ce que vous avez de plus cher ». « Bien monsieur » répondit le garçon avec une courbette. Alors qu’il s’en retournait vers les cuisines, Christine l’arrêta d’un geste impatient et, parcourant la carte à toute vitesse finit par commander pour elle une entrée et un plat aux noms ronflant que Le Sbire interpréta comme étant une salade niçoise et une poêlée de légumes.
»Gentleman accompli, Le Sbire n’avait pas manqué de tenir la chaise de Christine puis de lui présenter sa serviette.. » Allumant sa cigarette avec son briquet doré avant de le refermer d’un claquement sec, il souffla une bouffée de fumée au visage de la jeune femme avec une virile élégance. Christine fit une grimace, visiblement troublée par sa mâle assurance et partit dans une quinte de toux que Le Sbire interpréta comme un artifice pour masquer son embarras. Il se rendit toutefois vite compte qu’il avait commis une erreur tactique. La cigarette, achetée un peu rapidement, était une contrefaçon locale à la paille de riz qui commençait déjà à lui brûler la gorge pire qu’un acide. Pour se donner une contenance il voulut tenter un raclement de gorge classieux mais, bien entamé, celui-ci se termina en une quinte de hoquets rauques ponctués d’ignobles bruits de succion. Au regard ouvertement dégouté de Christine, Le Sbire sentit qu’il était temps d’entamer la conversation.
Le Sbire de Manille (7)
Lorsque Christine descendit le rejoindre, Le Sbire la trouva encore plus resplendissante que d’habitude. Elle portait un bandana très mode, un short et des bottines en skaï et un petit haut d’aérobic à damner un saint. En voyant Le Sbire qui l’attendait sur son 31, elle fit la moue et laissa échapper un soupir qu’il interpréta comme un signe d’appréciation de sa chemise à carreaux et de sa veste à col large. Ils montèrent dans la voiture de Marlowe lui-même et prirent la direction du restaurant le plus chic de la ville (c’est le boss qui régalait), Le Sbire était bien décidé à déployer tout son charme face à Christine. La première phase de son plan consistait à montrer qu’il était « cool » comme on disait maintenant. Avec un regard entendu à Christine, il mit dans l’autoradio une cassette de cette musique rap américaine si populaire auprès des jeunes. La jeune femme réagit en sortant sa trousse à maquillage pour rafraîchir sa quatrième couche de fond de teint dans le rétroviseur intérieur.
»L’atout-charme du Sbire : un regard à faire fondre un iceberg. »
- Published: 14 années ago on 14 mars 2011
- By: Barracuda
- Last Modified: avril 19, 2012 @ 9:04
- Filed Under: News du site Nanarland