La mode des films de SF nazes de Asylum et Syfy m’agace. Je n’aime pas ces films, ni au premier degré ni en tant que nanar et je voudrais le faire savoir. Un mot avant de commencer à râler plus précisément : tout d’abord, ce qui suit est largement fait de généralités qui connaissent des exceptions : moi aussi je me suis bien marré devant Mega Piranha. Ensuite, c’est un avis personnel qui avait à l’origine été posté sur le forum (où la discussion a toujours cours). Il n’engage pas toute l’équipe de Nanarland et ne constitue pas un jugement sur les gens qui ne sont pas d’accord et apprécient ces films (que ce soit au premier degré ou comme nanars), même s’ils peuvent tous aller brûler dans les flammes de l’enfer ces hérétiques.
J’aime pas les films Asylum et Syfy. Je me permets de les mettre dans le même panier même s’ils ne surfent pas tout à fait sur les mêmes modes : Asylum se spécialise dans le faux blockbuster tandis que Syfy fait du monstre géant. Il y a tout de même des recoupements évidents : Asylum a sorti les Megashark et leurs films sont souvent diffusés sur Syfy justement, tandis que Syfy en tant que producteur ne répugne jamais à copier les derniers blockbuster estampillés vaguement SF/fantastique. De toutes façon le problème n’est pas là. Mon problème avec ces films, c’est que ce sont des navets chiantissimes qui tentent de se faire passer pour des nanars en enfilant un pauvre nez rouge et du fond de teint décati. Ils cherchent à faire passer la pilule à coups de titres délirants et de concepts alléchants sur le papier mais ils se dégonflent aussitôt mis sur pellicule.
Un film Syfy ou Asylum, c’est 90% de scènes de parlotte où on s’ennuie, avec des dialogues complètement plats et des acteurs inexpressifs mais rarement assez mauvais pour nous faire rire, et 10% d’action focalisée sur des images de synthèse généralement plus moches que ridicules (et même pas toujours si moches d’ailleurs). Dans ma conception de la chose, un nanar est un acte manqué. C’est le résultat d’efforts réels pour faire un film, peut-être pas bon, mais au moins « normal » et qui finit dans le ridicule à force d’un manque de moyens criant, d’une incompétence évidente et/ou (c’est le plus important) d’une totale incapacité à percevoir l’absurdité dans les situations, les dialogues, le scénario, etc. Les meilleurs nanars sont ceux qui prennent le spectateur par surprise, lorsque le train-train ordinaire du film est soudainement brisé par une réplique débile, un doublage ignoble, une scène d’action absurde ou un effet spécial en mousse. Les films Asylum/Syfy ne répondent à aucun de ces critères. Leur caractéristique commune en effet est d’être désespérément prévisibles. Passé la surprise devant des titres comme Transmorphers ou Dinocroc contre Supergator il n’y a plus rien à se mettre sous la dent. Le déroulement de l’histoire ne laisse place à aucune surprise, les scènes d’actions sont aussi molles que peu inspirées et il faut vraiment se forcer pour sourire devant des effets spéciaux qui souvent n’auraient pas choqué plus que ça dans blockbuster il y a à peine 5 ans. Effets spéciaux qui, surtout, ont exactement le rendu attendu, prévisible, à la différence par exemple d’un Homme-puma ou la convergence du harnais mal fichu, de l’incrustation naze et de la musique qui part en vrille vous arrive dessus comme un semi-remorque pris de boisson la première fois qu’on la voit.
Devant un film Asylum/Syfy, je me sens dans la peau du spectateur qui, hier, allait au cinoche voir Ninja Terminator en espérant soit un film d’action à l’américaine, soit un solide kung-fu asiatique et se retrouvait devant une daube ne contenant guère de ninja et pas de terminator. Aujourd’hui Asylum sort Megashark vs Crocosaurus et au lieu du spectacle de débilité et d’effets spéciaux nazes promis, on nous sert une histoire plate comme un pain azyme et trois ou quatre vagues scènes avec des CGI cheap. Ce n’est plus l’amateur d’action qu’on essaie de truander, mais le nanardeur naïf. Car ne nous y trompons pas : c’est bien le public nanardeur qui est le premier visé par ces films. Les films orientés monstres géants trouvent sans doute un public au premier degré, mais je suis convaincu qu’un truc comme Sharktopus a été calibré pour un pseudo-second degré avec tout un marketing allant dans ce sens. Même chose pour les mockbusters Asylum. A la différence de leurs collègues du style Starcrash ou Ratanouilles, leurs titres racoleurs n’ont pas tant pour but de tromper la vigilance du cinéphile (ils sont avant tout conçu pour meubler les grilles des chaines du câble) que d’attirer l’attention du nanardeur en chasse avec un gros pipeau. Asylum a tout simplement choisi d’occuper un créneau marketing délaissé en se forgeant une image de « compagnie qui fait des mockbusters hallucinants » pour nous refourguer au final des films hyper-mous qui essaient en fait assez rarement de copier leur modèle au-delà de leur titre. Ces films sont des faux nanars volontaires et des vrais navets plus ou moins cyniques. On devrait même bientôt atteindre un sommet d’absurdité avec l’arrivée des Trois Mousquetaires où la version hollywoodienne s’annonce plus nanarde et plus WTF que la version Asylum.
Ok Pépé, on a compris, c’est la faute des jeunes, c’était mieux avant, ah ma bonne dame le monde qu’on nous réserve avec le réchauffement climatique, les pesticides tout ça… Peut-être. Mais quand même ça me chagrine. Asylum est une société très prolifique, leurs films inondent le marché et constituent aujourd’hui pour beaucoup de gens (enfin, tout est relatif) des références en matière de nanar alors même que ce sont des nanars très, très médiocres. Ca me fait d’autant plus de peine qu’à côté d’Asylum, Cine Excel par exemple occupe le même créneau le fait beaucoup mieux et avec beaucoup plus de conviction. Chez Cine Excel il y a un véritable instinct du nanar. Ce sont des gens, ils croisent une forêt profonde, ça leur donne l’idée d’y tourner un remake de Lawrence d’Arabie. Au bout d’une semaine on les surprend en train de faire enfiler un burnous de force à Mel Novak et les riverains sont obligés d’appeler la police. Ce ne sont pas des comptables, ce ne sont pas des manadjeures, ils n’ont aucun sens du ridicule, ce sont de vrais artistes (ou de vrais dingues).
Ca m’embête parce que je suis un ayatollah et que quand quand quelqu’un vient me voir en me disant qu’il a découvert un super-nanar, Aztec Rex, j’ai envie de lui faire bouffer ma cassette de Dinosaur from the Deep et de la faire glisser avec un DVD de Mighty Gorga. Ca m’embête aussi parce que je n’aime pas avoir l’impression qu’on essaie de m’arnaquer en me refilant tout simplement un produit qui ne correspond pas à son étiquette, en cinéma comme ailleurs. Ca m’embête enfin surtout parce que je me mets à la place des visiteurs du site qui se prennent d’intérêt pour le sujet, voient venir un truc bien racoleur style The Da Vinci Treasure dans leur programme télé, se font sévèrement chier pendant une heure et demie et concluent que le nanar, ce n’est pas fait pour eux. A ceux-là, qui pour la plupart ne lisent sans doute pas le blog, j’ai envie de dire : « Revenez. Il y a mieux, c’est promis, et pas seulement des machins turco-pakistanais totalement introuvables (et insupportables) pour le commun des mortels. Pour rester dans des trucs récents, venez voir Birdemic, venez voir The Room, venez voir Troll 2« .
« Achetez le DVD de Devil Story« .
Soit dit en passant, des films amusants que vous pouvez regarder en un coup d’œil, j’utilise un tel site pour tout regarder gratuitement https://voirfilmvf.tv/ J’aime ça et je trouve toujours les films dont j’ai besoin pour moi