Les instructions du boss pour la suite avaient le mérite d’être claires : interroger Tony pour savoir ce qu’il savait au sujet de Clan du Cobra et de Cooper, et se tenir prêt pour le moment où ils découvriraient la cachette de ce dernier, soit par Tony, soit par un indic une fois qu’il se serait joint aux troupes lancées sur la piste des « Barbares de l’Autoroute », comme la presse avait surnommé Le Sbire et ses camarades. Le Sbire, lui, était puni pour sa piètre prestation en rollers et n’aurait pas le droit de participer à la séance de torture qui s’annonçait. A la place il était de corvée de pastèque tout l’après-midi.
»Le Tigre de l’Ombre était l’homme de la situation »
La corvée de pastèque chez les ninjas ne consiste pas, comme on pourrait le croire, à découper en tranches fines ces fruits innocents (découper une pastèque au katana est à peu près aussi difficile que de faire un croche-pied à un cul-de-jatte), mais à aller se les procurer. Il y a dix-neuf clans ninjas répertoriés à Hong-Kong qui tous mettent la pastèque au cœur de leur rituels mystiques autant que de leurs entraînements physiques. Le seul moyen d’en trouver hors saison, c’est auprès de vendeurs patibulaires du marché noir dans les allées les plus mal famées de la ville. Le Sbire se mit donc en chasse, non sans avoir pris le temps de mettre une bonne rouste à la balance qui avait dénoncé son patinage peu orthodoxe. Avoir fini la poursuite à l’eau et manqué de s’être noyé (essayez de nager avec des rollers) ne suffisait pas à excuser un comportement aussi peu solidaire.
»Le sacrifice rituel de pastèques était au cœur du mysticisme ninja » De retour alors que le soir tombait, Le Sbire était fatigué et passablement énervé de s’être fait refourguer deux noix de coco grossièrement maquillées, aussi mit-il plusieurs secondes à prendre toute l’ampleur de l’effervescence autour de lui. Des ninjas de toutes les couleurs couraient dans tous les sens, en proie à la plus grande agitation. Ayant déchargé ses victuailles au temple (et ses noix de coco à la cuisine), Le Sbire attrapa le premier ninja venu pour se faire enfin expliquer ce qu’il se passait. La situation était assez catastrophique. Tony avait réussi à s’échapper en plein milieu de la séance de torture, tuant ses gardes et tabassant copieusement quiconque s’interposait, jusqu’au moment où Le Tigre de l’Ombre en personne avait tenté de l’arrêter. Tony l’avait tué sans hésiter, lui plantant un objet contondant dans le dos. Etrangement, dans la mort, l’homme semblait avoir retrouvé le sourire.
»Un sourire encore un peu crispé tout de même. » Face à la panique générale, Le Sbire prit les choses en main. Il fit procéder à la disparition du corps du Tigre d’une bombinette à fumée empreinte de solennité et demanda si quelqu’un avait déjà prévenu le Grand Dragon Impérial. Les regards gênés de ses camarades lui firent vite comprendre que non. Empoignant le téléphone, Le Sbire fut soulagé d’entendre le Boss décrocher presque immédiatement. En quelques phrases, il lui résuma la situation et lui demanda des instructions. La colère du Grand Dragon était palpable. Il passa plusieurs minutes à pester contre les incapables qui avaient laissé Tony s’échapper et mettaient ainsi en danger tout le déroulement du plan. « Il sait où se trouve notre QG maintenant et il va pouvoir prévenir Cooper
- Ça veut dire qu’on peut s’attendre à voir débarquer cet empaffé ! C’est peut-être une chance pour nous… », remarqua Le Sbire.
« Mais non imbécile, réfléchis ! Maintenant qu’il sait où vous êtes il va venir tout droit à ma planque ! Laisse-moi réfléchir… Toute cette catastrophe ne peut avoir qu’une seule explication.
- Mes collègues sont des incapables ?
- Non ! Ça c’est essentiel au bon déroulement du plan ! Non, la seule explication est que nous avons été trahis ! Il y a une taupe dans l’organisation !
»Le Sbire avait un peu de mal à suivre, mais il comprit vite que la situation était grave. » - Je comprends, vous souhaitez que je le démasque ?
- Surtout pas ! Si on le démasque une fois pour toute on ne pourra jamais recommencer. Non, il va falloir agir avec tact et discrétion. Je veux que tu réunisses les hommes et que tu lances des attaques simultanées contre toutes les banques, les casernes et les postes de police de la ville.
– Bien chef ! A nous sept, ça ne va pas être facile de bien se répartir mais je vais faire au mieux. Autre chose ?
- Toi, tu vas faire diversion. Il faudra que tu restes discret, je vais te donner une adresse sûre où je veux que tu me rejoignes. C’est une mission extrêmement dangereuse, viens seul et sans armes.
- Bien compris ! Et pour les pastèques ? » A ce stade Le Sbire ne cherchait plus qu’à voir jusqu’où il pouvait amener la conversation.
« Excellente idée, amènes-en une. Non, deux ! Euh, Non, aucune ! Ah si seulement on avait des noix de coco…
- Je vais voir ce que je peux faire chef. Je lance tout ça immédiatement. On se retrouve tout à l’heure !
- Mais non surtout pas ! il faut que *Clac*
- Désolé chef, ça a coupé. Une fois le combiné raccroché, Le Sbire commença par prendre une aspirine, puis décida que le moment était venu de faire preuve d’Initiative.
Le Sbire (8)
Les instructions du boss pour la suite avaient le mérite d’être claires : interroger Tony pour savoir ce qu’il savait au sujet de Clan du Cobra et de Cooper, et se tenir prêt pour le moment où ils découvriraient la cachette de ce dernier, soit par Tony, soit par un indic une fois qu’il se serait joint aux troupes lancées sur la piste des « Barbares de l’Autoroute », comme la presse avait surnommé Le Sbire et ses camarades. Le Sbire, lui, était puni pour sa piètre prestation en rollers et n’aurait pas le droit de participer à la séance de torture qui s’annonçait. A la place il était de corvée de pastèque tout l’après-midi.
»Le Tigre de l’Ombre était l’homme de la situation »
- Published: 14 années ago on 29 octobre 2010
- By: Barracuda
- Last Modified: avril 19, 2012 @ 9:06
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