La nature « nanarland-compatible » des productions Troma a beau diviser les rédacteurs (et lecteurs) de ce site, le studio et son boss Lloyd Kaufman y sont néanmoins bien représentés, avec plusieurs films chroniqués, une bio du Monsieur, une interview en vidéo et une Escale « spéciale Troma ». Comme chez nous « trop » signifie « pas assez », on en remet une couche avec l’ajout dans notre rubrique Bibliographie de « All I Need to Know About Filmmaking I Learned from The Toxic Avenger » (« Tout ce que j’ai besoin de savoir sur la réalisation de films, je l’ai appris en faisant The Toxic Avenger »).
Sorti en 1998 dans un tirage très vite épuisé, puis réédité en 2011, ce bouquin écrit par le saint patron de la firme Troma (à l’initiative et avec le concours de son poulain d’alors, le scénariste-réalisateur James Gunn) mérite l’intérêt de tout cinéphage qui se respecte. En apparence, il s’agit d’un ouvrage éducatif destiné aux apprentis cinéastes qui voudraient se lancer dans le métier. Dans les faits, c’est bien plus que ça. Lloyd Kaufman retrace son parcours, le parcours de Troma, détaille ses méthodes de production atypiques, revient sur les tournages des films emblématiques de la firme, analyse l’évolution des canaux de distribution, s’interroge sur l’état du cinéma indépendant, bref se raconte et nous raconte l’expérience d’une vie de cinéaste, le tout fortement assaisonné de cet humour absolument unique qui le caractérise. Le livre est ainsi à la fois une autobiographie et un guide pédagogique, un ouvrage tout autant informatif qu’humoristique, enrichi de nombreuses anecdotes (saviez-vous que le Toxic Avenger n’aurait sans doute jamais vu le jour sans Sylvester Stallone et son personnage de Rocky Balboa ? Et pourquoi il est primordial de filmer les scènes de sexe au tout début du tournage ?). Bref un bouquin qui part dans tous les sens en s’autorisant toutes les digressions possibles et imaginables, y compris celles qui semblent complètement hors-sujet. Loin de nuire au plaisir de la lecture, ce côté fourre-tout permet justement à cet ouvrage de se laisser picorer chapitre par chapitre, en évitant soigneusement les pièges de l’autobiographie linéaire et du manuel rébarbatif et lénifiant.
« All I Need to Know… » est un livre attachant, car il reflète bien la personnalité énergique de son auteur. On y retrouve bien sûr toutes les prises de position pour lesquelles Lloyd Kaufman est connu, avec des critiques très véhémentes contre Hollywood et sa dictature du formatage, ses stars interchangeables, ses blockbusters sans âme produits à coups de millions de dollars, la notion hyper-galvaudée de « cinéma indépendant » que propose le Sundance Festival, le monopole de quelques grands studios sur toute la chaîne de production et de distribution de films etc. Mais la personnalité de l’auteur se révèle aussi dans ses doutes, ses aspirations à demi-avouées, certains épanchements pleins de sensibilité, son écriture erratique qui semble refléter une hyper-activité, ses sautes d’humeur ponctuelles laissant deviner un metteur en scène tyrannique voire paranoïaque sur les tournages, et plus que tout un refus quasi-permanent de se prendre au sérieux. L’auto-dérision est sans doute l’une des choses les plus saines au monde, et Lloyd Kaufman en fait la démonstration permanente à travers un humour très particulier, nourri à la fois d’ironie subtile et de blagues de potache. Un mélange déstabilisant entre l’humour juif new-yorkais le plus fin, le slapstick pouet-pouet, le tragi-comique, le trash bien craspec, l’humour noir et la fascination d’un enfant de 5 ans pour tout ce qui est scabreux (pipi-caca-prout, vomi etc.). En somme, tout ce qui fait la spécificité des productions Troma.
Vu votre enthousiasme et ma sympathie pour la firme Troma je l’ai acheté, et à vrai dire je suis déçu.
Kaufman veut TELLEMENT être drôle TOUT LE TEMPS que ça en est chiant.
Ca traine en longueur, les -trop nombreuses- vannes allourdissent considérablement le texte et j’ai franchement du mal à m’enfiler plus de 5 pâges d’affilée.
J’avais trouvé la bio de Bruce Campbell bien mieux foutue par exemple.
prout.