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« Natural Born Star » en DVD

By   /   10 janvier 2009  /   2 Comments

Natural Born Star, qu’est-ce ? Il s’agit d’un film documentaire rendant hommage à l’acteur norvégien Fred Robsahm, icône presque malgré lui du western spaghetti dans les années 60/70. Un héros de cinéma dont l’existence illustre douloureusement l’adage qui veut que la réalité dépasse souvent la fiction.

Né le 29 juin 1943 dans la petite ville côtière de Lillesand, Fred Robsahm passe une enfance calme, à rêver de bateaux et d’océan. En bon Norvégien, il déclare avoir quasiment appris à ramer avant de savoir marcher et, une fois adulte, travaille tout naturellement sur un chalutier. C’est lors de vacances passées à Rome, où réside sa mère, que Fred fait la rencontre d’un producteur (celui-ci le repère alors qu’il se ballade le long de la marina pour y observer les bateaux). L’industrie du cinéma italien est alors prolifique, et toujours à la recherche de jeunes talents. A l’instar d’un Richard Harrison, Fred Robsahm est un beau jeune homme blond aux yeux bleus, grand et costaud, et à cette époque les producteurs de westerns spaghetti n’en demandent pas plus, d’autant qu’il parle bien la langue de Dante. Dès lors, les tournages s’enchaînent. Fred n’a pas le feu sacré artistique mais le travail est facile et bien payé. Il décide de continuer jusqu’à ce qu’il ait mis assez de côté pour se payer un beau bateau. Formant un couple radieux avec l’actrice Agostina Belli, tout semble lui sourire, jusqu’à ce que…

La suite de l’existence de Fred Robsahm est une succession de drames qui dépassent en horreur et en pathétisme ce qu’une armada de scénaristes de soap opera hardcore aurait pu concevoir. Fan absolu de films de genre en général, et de pelloches ritales en particulier, le jeune réalisateur Even G. Benestad s’est intéressé à l’histoire de ce compatriote un peu mythique qui aura vécu l’âge d’or du western spaghetti. S’effaçant le plus possible, il donne ainsi la parole à un homme vieux, malade, vivant dans un dénuement extrême, oublié de tous, pour qu’il nous raconte son histoire. L’histoire de Fred Robsahm, c’est celle d’un homme qui avait tout et qui n’a plus rien, un individu qui, tel le roseau proverbial, aura plié à l’extrême sous le poids de circonstances abominables en refusant obstinément de rompre, sorte de capitaine maudit ayant essuyé les pires tempêtes, tenant toujours debout mais salement amoché.

De façon ironique, ses drames personnels font de la vie de Fred Robsahm un feuilleton autrement plus prenant que sa carrière dans le cinéma. Conscient qu’il tient là un vrai sujet, Benestad choisit donc judicieusement de reléguer au second plan la filmographie de l’acteur, tout en illustrant son documentaire d’extraits de films sélectionnés avec soin, chacun entrant en résonance avec les propos de Robsahm, de façon amusante, émouvante, voire douloureusement prémonitoire.

Certes, on perçoit vite la limite du projet pour ce qui est du fond : le voyeurisme bête et méchant et son cortège de séquences larmoyantes. Un écueil quasi-impossible à éviter quand on suit un homme atteint du sida, qui la nuit braconne et fouille dans les décharges, alors que quelques années plus tôt il montait les marches du festival de Cannes au bras d’une des plus belles actrices de l’époque. On ne compte plus les émissions télé consacrées aux anciennes gloire du spectacle et autres has been du P.A.F., exhibant complaisamment leur déchéance en faisant mine de les plaindre, insistant bien sur le bonheur d’avant pour mieux les enfoncer dans le malheur d’aujourd’hui. Sauf que voilà, Even G. Benestad n’est pas Mireille Dumas : il connaît son sujet, s’y est consacré corps et âme durant plusieurs mois, et mérite dès lors qu’on lui accorde le bénéfice du doute en ce qui concerne ses intentions.

Sur cette photo : Fred Robsahm, Agostina Belli et Antonio Cantafora (Mister Super Sonicman en personne).

Pour ce qui est de la forme, le résultat est tout simplement phénoménal. Dans ce registre, les documentaristes contemporains confondent trop souvent « rester en retrait » avec « réalisation inexistante », et « se poser à hauteur d’homme » avec « cadrage moche en plan fixe ». Chose suffisamment rare pour être saluée, Even G. Benestad est lui porteur d’un vrai projet de mise en scène, vivant sans être tape-à-l’oeil, et qui surtout sert son sujet. On se réjouit que le jeune cinéaste ait pu bénéficier d’un budget confortable pour ce genre de projet, les plans fixes tristounets et autres mouvements de caméra tremblotants qu’on retrouve dans de plus en plus de pseudo-documentaires étant ici proscrits au profit d’une mise en scène élégante, parsemée de quelques séquences d’une prodigieuse fluidité, et accompagnée d’excellentes compositions originales (à ce titre, la séquence où Fred Robsahm s’en va pêcher de nuit en zone interdite sur fond de synthés à la John Carpenter est tout simplement épatante). Un appui logistique et financier dont beaucoup d’apprenti-documentaristes comme nous aimeraient pouvoir bénéficier ! (voir notre rubrique Nanarland TV).

Natural Born Star a semble t-il rencontré un bon succès critique dans son pays d’origine, récoltant d’encourageants retours lors de sa présentation en avant-première à Oslo et dans des festival (celui de Rome notamment), mais son exploitation au cinéma s’est avérée être un cuisant bide commercial. Selon son réalisateur, Natural Born Star a cependant été fortement plébiscité lors de son passage à la télé norvégienne. Seul petit regret : celui de la durée. Car si cette optique d’une exploitation ciné en Norvège aura vraisemblablement permis à Even G. Benestad de travailler dans de bonnes conditions, elle lui aura aussi de toute évidence imposé un format long-métrage qui ne s’imposait pas forcément, la durée de ce documentaire de 1h10 ayant à mon humble avis gagné à être ramenée à un format télé standard de 52mn.

Natural Born Star est disponible en DVD, en norvégien sous-titré anglais. On peut notamment le commander en import __ici__ ou ____. __Le site officiel du film__ __La page myspace du réalisateur__

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About the author

Né en 1980, rédacteur de Nanarland depuis 2001, vidéovore chevronné, vit et travaille à Grenoble comme monteur vidéo.

2 Comments

  1. charles dit :

    Hello Mister Nada,

    Je suis tombé sur la b.o de ce film qui est composé par kaada et je l’ai trouvé superbe, ce qui m’a donné envie d’en savoir plus sur ce film. Tombant sur votre site, votre article m’a donné envie de voir le film malheureusement les liens en fin d’article ne me permettent plus de le trouver… Auriez vous une idée où je pourrais me le procurer ?

    merci beaucoup

  2. John Nada dit :

    En effet, les liens sont morts. Du coup j’ai posé la question directement au réal, avec qui je suis encore en contact. Voici sa réponse :

    « I’m glad to hear that NBS is still talked about out there. The film has been out of distribution for many years now. The best way to get it is probably the pirate market. You could also check out Amazon. I know it sometimes pops up there. »

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