En cette journée de finale de coupe d’Europe, il n’est pas inutile d’évoquer un film étrange sorti discrètement en VOD en 2014. Connaissez vous « United Passions : la légende du football » ?

Non ? Normal ce film cofinancé par la FIFA et TF1 qui était censé chanter les louanges de la FIFA depuis sa création, est sorti en 2014 au moment où commençait  la gigantesque affaire de corruption qui a balayé la Fédération.

Et pourtant on avait mis les petits plats dans les grands : 30 millions de dollars de budget, une sortie technique à Cannes, un casting 3 étoiles : Gérard Depardieu, Sam Neill, Tim Roth.

Cette coproduction franco suisse est signé du réalisateur mercenaire Frank Auburtin, déjà responsable des comédies faisandées San Antonio ou  Envoyé Très Spéciaux, ou de segments de Paris, Je t’aime, autre promotion publicitaire cette fois-ci à la gloire de notre belle capitale.

Si la production s’est défendue de tout interventionnisme de la Fédération de Football, on ne peut être que circonspect devant la façon dont ses dirigeants, à commencer par Sepp Blater, sont présentés sous un jour plus que flatteur.

Et la critique ? Soyons honnête: sur la forme le film est propre, ne dépassant pas le format d’un gros téléfilm gonflé aux décors numériques, s’offrant même quelques moments réussis qui font ressortir l’ambiance quasi mafieuse des affaires de gros sous des années 70.

Mais c’est sur le fond où on est dans une réécriture de l’Histoire hallucinante. Créée seul contre tous par un Jules Rimet idéaliste et désintéressé (Depardieu), la FIFA, pure et immaculée, est présentée comme l’ultime rempart contre tous les totalitarismes puis comme une pauvre victime de la financiarisation du sport. Tous ces maux se concentrant dans la figure méphistophélique de Joao Havelange, incarné par Sam Neil. Heureusement un chevalier blanc va remettre le football sur les rail: Sepp Blater (Tim Roth) qui va nettoyer les écuries d’Augias d’une main ferme pour faire place à la FIFA actuelle dont la probité ne saurait être remise en cause. La preuve, elle est secondée par la justice suisse dont on connait tous l’inflexible rigueur dans les affaires financières.

Sorti au moment des révélations sur les conditions douteuses d’attribution de la coupe du monde au Qatar, le film fut prudemment enterré par la FIFA après une sortie catastrophique aux Etats-Unis où le film fit moins de 1000 $ de recettes et obtint des critiques assassines le qualifiant notamment « d’excrément cinématographique » ! Bien qu’il ait été balancé chez nous en VOD sans tambours ni trompettes, il serait dommage de passer à côté en ce jour où le football est déifié très au delà du raisonnable…

La bande annonce pour vous faire une idée…